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La thérapie par le chant et la Vocologie
"Enquêtes de Région"
2 Mai 2018

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Singing in the brain

Des chercheurs utilisent le chant pour mieux comprendre le fonctionnement du cerveau

                                                 Université Laval par Jean Hamann

Même s'ils sont en apparence très liés, la mélodie et le texte d'une chanson empruntent des canaux de production complètement séparés dans le cerveau. Le professeur Joël Macoir, du Département de réadaptation de la Faculté de médecine de l'Université Laval, et ses collègues de Montréal et Sherbrooke, Isabelle Peretz, Sylvie Hébert et Lise Gagnon, en apportent la preuve dans un article récemment publié dans la revue scientifique Music Perception.

Les chercheurs ont étudié le cas de G.D., un homme de 74 ans dont la mémoire et les capacités intellectuelles étaient intactes, mais qui éprouvait d'importants problèmes de langage - bégaiement, erreurs phonémiques et néologismes - , trois symptômes d'une aphasie progressive primaire. Par contre, en dépit de sa maladie, cet homme avait préservé sa capacité de chanter juste.

Les chercheurs ont invité G.D. à répéter la première phrase de 30 chansons populaires qu'ils lui soumettaient, soit en la lisant (texte seul), en la fredonnant (musique seule) ou en la chantant (musique et paroles combinées). Résultats? Lorsqu'il chantait ou fredonnait, le sujet reproduisait correctement plus de 90 % des notes de la chanson. Par contre, il ne parvenait à prononcer de façon intelligible qu'à peine 60 % des paroles, que ce soit en chantant ou en lisant. "Le fait de chanter ne l'aidait pas à mieux prononcer les mots, ce qui va à l'encontre de la croyance qui veut que le chant améliore la fluidité du langage. Il semble que la chose soit vraie pour le bégaiement qui apparaît lors du développement de l'enfant, mais pas pour le bégaiement neurologique qui résulte d'anomalies au cerveau comme dans le cas de G.D.", explique Joël Macoir.

Le sujet G.D. commettait les mêmes erreurs de langage, peu importe s'il parlait ou s'il chantait, signalent les chercheurs qui en concluent que les processus de production des paroles d'une chanson sont les mêmes que ceux qui interviennent dans le langage parlé. Il semble exister une autonomie totale entre les mécanismes de production de la mélodie et des paroles dans le cerveau, comme si la route du langage était distincte de la route mélodique et qu'une anomalie de l'une n'affectait pas l'autre.

Les chercheurs soulignent enfin que la combinaison du chant et des anomalies neurologiques, comme celles dont souffre G.D., ouvre une fenêtre sur le cerveau humain par laquelle on peut observer et mieux comprendre ses rouages normaux et défectueux.